Ce n'est qu'un début...

Le film que vous allez voir à été réalisé par un collectif d'étudiants en cinéma de l'Université Paris 8. Il a été produit grâce à la réquisition du matériel de l'université, une participation financière des Assemblées Générales ainsi que par une réappropriation de cassettes en magasin. Tourné pendant le mouvement de 1995, Ce n'est qu'un début n'est pas un film sur la grève mais un film depuis la grève. Il s'agissait pour nous, étudiants grévistes, de filmer notre grève. Ce film est un outil de lutte. Il a été monté très rapidement pendant les vacances de Noël 1995 dans le but de participer activement à la remobilisation des étudiants à la rentrée de janvier. Le mouvement de 95 commença par un « mouvement de rentrée » étudiant puis les salariés se mobilisèrent contre, au départ, le plan Juppé qui consistait en une casse de la protection sociale et des services publics. Le mouvement étudiant/salarié s'élargit ensuite à une remise en cause de l'Europe libérale entérinée quelques années plus tôt par le traité de Maastricht. Le mouvement dura tout l'automne 1995, donna lieu à six millions de jours de grève et pas un train ou un métro ne roula pendant près de quatre semaines. En même temps, se déroulaient des grèves des transports en Belgique, au Luxembourg, en Espagne et en Italie. Par son ampleur, cette lutte constitue indéniablement une des grandes dates des luttes ouvrières, prenant ainsi sa place à côté de 1936 et 1968 pour ne citer que les plus récentes. Malgré cela, il faut reconnaître qu'elle n'a pas mis en échec toutes les attaques lancées par Juppé et que depuis les attaques conjointes du gouvernement et du patronat n'ont pas cessé... C'est la raison pour laquelle nous voulions aujourd'hui refaire circuler notre film. Pour cela, nous avons eu besoin de le restaurer. A partir des images originales, nous l'avons remonté à l'identique, nous avons ajouté des titres et sous-titres pour faciliter sa compréhension, nous avons amélioré la qualité de la bande sonore. Nous ne voulions pas retoucher notre montage ; adapter le film à l'époque présente aurait abouti à rien moins qu'à la réalisation d'un film nouveau. En choisissant de nous en tenir là, nous avons laissé le film prendre valeur de document ; nous espérons qu'il sera en même temps plus que cela.