Le repos du fakir
Des bancs hygiénistes, véritables planches de fakirs, sont méticuleusement conçus pour qu'on ne s'y étende pas et qu'on s'y appuie de manière éphémère. Les designers de la RATP, les décorateurs de devantures de magasins, les syndics de certains immeubles d'habitat collectif gèrent les corps comme des flux à réguler, et les sans-abris qui stationnent dans « leur » espace comme des « indésirables ». Ces dispositifs sont tout d'abord anti-ergonomiques. Socialement, ils visent les plus démunis, mais ils sont subis par tous : les citoyens sont infantilisés, agressés. L'espace dégradé devient ainsi dégradant. Il cesse d'être un espace partagé, ouvert aux rencontres et aux échanges essentiels de la vie de la cité. Il est nécessaire de réinventer une autre conception de l'espace public, qui favorise le regroupement et la rencontre des désirs. »
Programmation