Les héros oubliés du Jbel Saghro

En 1933, lors de la colonisation du Maroc, ce qu’on appelait aimablement à l’époque la « pacification », la bataille du Bou Gafer qui jeta l'armée d'Afrique forte d’une soixantaine de milliers d’hommes contre les derniers résistants (les "dissidents Aït Atta") au nombre d’un petit millier, fut célébrée et jugée particulièrement héroïque par les militaires français. Les témoignages « coloniaux » sont multiples, des récits des combats, des livres, des BD même, racontent cette histoire à l’envi. A l'inverse, ces héros Aït Atta, témoins gênants d'une résistance sans espoir jugée archaïque par les historiens « officiels », furent au Maroc rapidement oubliés et évacués des manuels scolaires. Cette amnésie d'une page glorieuse de leur histoire laisse chez ces Aït Atta une profonde amertume et un sentiment d'injustice où se mêle l'idée que ces zones déshéritées où ils vivent, et la société berbère elle même, sont volontairement laissées à l'écart du développement national.