Saint-Sernin ou la Ville-musée
Depuis l’avènement de l’ère industrielle, nous nous évertuons à conserver intact les traces de notre passé, transformant peu à peu le centre des villes en musées. Alors que notre civilisation dite moderne se caractérise par une destruction des ressources naturelles de la planète et par la fragmentation du lien social entre les individus à travers leurs conditions de travail, nous sauvegardons et admirons les édifices anciens. Nous avons poussé plus de cris d’effroi pour la destruction de statues que pour la condition des femmes en Afghanistan.
Nous glorifions des constructions monumentales érigées en l’honneur d’un dieu ou d’un roi. Cette gloire du passé nous permet de nous enorgueillir de la richesse et de l’ancienneté de notre civilisation. Avec la langue, l’histoire est le deuxième vecteur de construction d’une nation. Plus l’histoire est ancienne plus la nation se sent glorieuse.
A Toulouse, pour construire dans le centre ancien, il est maintenant nécessaire de choisir parmis une gamme de rouge brique. Cette gamme est censée « conserver » l’aspect de Toulouse, alors qu’elle ne correspond à aucune réalité sinon à notre esthétisme actuel. Nous tenons à conserver ce qui est mort par la multiplication des musées et par la muséification des villes. Nous sommes en deuil face à notre environnement à force de vouloir le maintenir intact.
Notre nostalgie est morbide.
Réalisation
Corentin Charpentier
Production
TV Bruits
Programmation