Un chien andalou
Tout commence sur un balcon où un homme aiguise un rasoir... La suite est une série de métamorphoses surréalistes. Un homme sectionne l'oeil d'une jeune fille. Un nuage passe devant la lune. Huit ans après. Un cycliste tombe accidenté dans la rue. La jeune fille lui porte secours et l'embrasse...
Le film est une succession de scènes ayant pour seuls liens logiques quelques personnages et le décor d'un intérieur parisien qui accueille la plus grande partie de l'histoire. Dans l'ensemble, il s'agit des relations violentes et difficiles entre un homme et une femme dans un appartement. Le fil conducteur serait les tentatives de l'homme poussé par le désir vers la femme, qui, le plus souvent, se défend. Des objets et des personnages inattendus apparaissent et disparaissent, laissant le spectateur libre de leur attribuer une part de réalité, d'imagination, ou de souvenir : objets de l'enfance, fourmis, revolvers, pianos chargés d'ânes morts ; un personnage androgyne qui se fait écraser par une voiture, un double du héros abattu par le héros lui-même, un boiteux passionné, des séminaristes ligotés.
Le récit est disloqué par des changements subits de lieux (un bois, une plage) et par des intertitres indiquant des sauts temporels de plusieurs années en avant ou en arrière. Le film se conclut sur une plage où les deux personnages principaux, l'homme et la femme, paraissent former un couple heureux, avant d'être « au printemps » à la fois ensablés vivants et la proie des insectes.
L'étrangeté de l'ensemble est délibérément onirique, selon le principe surréaliste défini par André Breton dans son Manifeste du surréalisme. Ainsi, dans Un chien andalou, rêve et réalité sont deux instances complémentaires : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, la surréalité […] c'est à sa conquête que je vais2. »